
A l’aube d’une nouvelle année, il est d’usage de se projeter dans l’avenir, et encore plus lorsqu’on est prospectiviste. Mais avant de le faire, il peut être utile de regarder dans le rétroviseur et de faire le bilan de ses anticipations passées : se sont-elles réalisées ? si non, pourquoi ? Quels enseignements peut-on en tirer pour améliorer les futures prévisions ?
Parmi les sujets sur lesquels mon intuition a été confirmée, il y a notamment les difficultés (voire échecs) des fermes verticales et des élevages industriels d’insectes (pour l’alimentation humaine). L’une des raisons en est leur faible rentabilité, liée aux coûts énergétiques.
Je ne me suis pas trop trompée sur la poursuite de la végétalisation des régimes alimentaires, qui se fait surtout via la montée du flexitarisme (et moins par la croissance du nombre de végétariens et végans).
Comme anticipé, des produits de viande (ou de poisson) cultivés in vitro ont été autorisés à Singapour, aux états-Unis et en Israël ainsi qu’à Hong Kong.
Des alternatives au sérum fœtal bovin ont effectivement été développés et le coût de production a considérablement baissé.
Lors du SIAL 2018, où j’avais été chargée de réalisée un dossier en support à l’espace FuturLab, j’avais imaginé le rôle que l’intelligence artificielle allait prendre dans l’alimentation : coach nutritionnel, assistant en cuisine, etc. Je crois qu’on y est.
En revanche, nos échanges avec l’IA ne passent pas par les enceintes vocales, ni (pour le moment ?) par un électroménager connecté : un simple smartphone suffit.
Parmi les technologies que je suivais il y a quelques années, on n’a pas vu le déploiement de la réalité virtuelle pour faire ses courses, ni l’invasion des robots de livraison. L’imprimante 3D reste réservée aux industriels pour quelques usages précis (comme la fabrication de steak végétaux hyperréalistes). La personnalisation de l’alimentation selon le profil génétique a été contestée par les nouvelles connaissances scientifiques, mais quelques pas ont été fait vers la personnalisation selon la composition du microbiote.
Les enseignements que je tire de ce regard dans le rétro sont, tout d’abord, que l’adoption des innovations peut être lente (plus lente que les progrès technologiques eux-mêmes), voire ne jamais se faire si ces innovations ne respectent pas certains critères (rentabilité, acceptabilité des consommateurs, etc.). Je retiens aussi qu’il est préférable de ne pas s’emballer à chaque annonce de nouvelle solution « pour nourrir le monde » mais de prendre du recul, d’analyser, d’interroger les acteurs et experts pour se faire une opinion éclairée.
Alors, que nous réserve 2025 et au-delà ? Dans le domaine de la végétalisation et des protéines alternatives, je vous renvoie sur l’étude AlimAlternatives. Plus généralement, je suis disponible pour des conférences et interventions internes pour explorer l’avenir de l’alimentation.
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